Jeudi 5 août : ce qu’il va falloir trouver maintenant, c’est du carburant. Il n’y a pas de 100LL sur le terrain mais on peut s’en procurer chez un grossiste de la compagnie nationale Petrom , en ville. Autorisation obtenue (dix feuillets écrits en roumain et en anglais) pour transporter du carburant dans un véhicule terrestre et nous voilà partis vers le « Leroy Merlin » local pour acheter les jerrycans en métal exigés. Nous prenons les deux derniers en rayon et nous nous rendons chez notre fournisseur.
Retour au terrain avec nos quarante litres de précieux liquide, passage pour la nième fois par la sécurité, poches vidées, ceintures et montres enlevées… je ne sais plus combien de fois nous renouvellerons ce manège. Départ pour une nouvelle navette et retour à l’aérodrome; mais là les consignes ont changé. Il est maintenant interdit d’introduire un produit aussi dangereux que de la 100LL sur le tarmac, sans l’autorisation du chef d’aérodrome. Demandes d’autorisations remplies pour chaque avion, attente de la réponse… une heure après la noria peut reprendre.
Nous sommes arrivés à l’aérodrome le matin à 9 heures et nous avons décollé à 15 heures au moment où les cunimbs bourgeonnent. Heureux!, ça y est, nous sommes prêts à embarquer avec nos précieux jerrycans flambant neufs et vides, mais halte là! Nous ne pouvons pas partir ainsi, délinquants que nous sommes,:
— « Avez-vous demandé l’autorisation d’embarquer à bord de vos avions des jerrycans vides moins de deux heures avant le décollage? » nous demande un fonctionnaire de la milice de sécurité.
— « Mais bien sûr comment avons-nous pu faire un tel oubli, nous rédigeons immédiatement la demande. »
Nous en apprenons des choses ce jour-là sur la distance qu’il reste à parcourir à la Roumanie pour être un partenaire à part entière de l’Europe. Facture de handling et taxes 130 euros par avion, la sécurité n’est facturée que cinq euros par avion, ce qui est vraiment bon marché vu l’usage intensif que nous en avons fait… On nous fait quand même remarquer que le briefing météo, les briefings notams et nav et le plan de vol sont gratuits, finalement nous avons fait une sacré bonne affaire ce jour-là… ! Il ne s’agissait pas en fait « d’un traitement de faveur » qui nous était réservé à Targu Mures, car au moment où nous étions là, un jet de l’armée italienne en escale pour une évacuation sanitaire avec le malade à bord, a du faire intervenir son ambassade pour pouvoir redécoller.
Décollage enfin, destination TULCEA dans le delta du Danube. Un pilote rencontré par hasard dans la salle de briefing, nous a conseillé une vallée assez large dans le sud des Carpates, mais encore faut-il l’atteindre.
Deux gros cunimbs gonflent à vue d’œil à l’horizon, dont un juste sur notre chemin, la météo a prévu, « Cb ISOL », pourvu qu’ils ne se rejoignent pas… Arrivés à leur hauteur l’espace entre les deux s’avère assez large pour s’y faufiler entre deux éclairs; l’avion de tête signale tout de même aux suivants qu’il faut bien serrer les ceintures car la turbulence est assez sévère par moments mais ce n’est qu’un passage rapide et la vallée salvatrice s’ouvre devant nous. Soulagement, nous nous y glissons entre des sommets culminant à huit ou neuf mille pieds. Arrivés sur la plaine le contrôle de Bucarest exige 1200 ft QNH mais c’est que le sol est quand même à 850 ft! Nous pouvons identifier clairement la marque des voitures que nous doublons. Suite du vol sans histoire avec le soleil couchant dans le dos jusqu’à Tulcea. Bon accueil de la dame chargée du Handling qui nous Meeting à Tuzla trouve un hôtel. Flânerie en ville et repas sur un bateau ancré définitivement à quai sur le Danube, moustiques et longue attente pour nos estomacs...
Vendredi 6 août : visite de Tulcea et du delta en bateau jusqu’en fin d’après midi, il fait vraiment très chaud, une belle nature, des oiseaux par milliers et l’agrément le la promenade sur l’eau avec repas à bord.